Ex-situ / In-Situ


Réintroduction d’espèces animales : la chaîne des compétences

Aix-les-Bains – Savoie

13 et 14 novembre 2019

Le programme du colloque

La réintroduction d’une espèce animale dans son milieu naturel a pour but d’améliorer ses chances de survie à long terme. Sa réussite nécessite la convergence de compétences diverses et complémentaires, qui relèvent autant de la conservation des espaces que de la conservation des espèces (biologie, écologie, biogéographie, génétique, médecine vétérinaire, éthologie)… mais aussi des sciences humaines. Dans cette chaîne des compétences, les métiers liés à l’élevage de la faune sauvage, dont les parcs zoologiques sont des experts reconnus, constituent une passerelle avec d’autres acteurs de la conservation in situ tels que les gestionnaires d’espaces naturels. Quels sont les facteurs de succès d’une réintroduction ? Quels sont les risques d’échec ? Quelles sont les conditions préalables ? 230 professionnels de la chaîne de la réintroduction d’espèces animales se sont réunis pour échanger sur ce sujet pour la première fois les 13 et 14 novembre 2019 à Aix-les-Bains.

230 professionnels de la réintroduction animale se sont réunis à Aix-les-Bains les 13 et 14 novembre 2019

© JL Barbas

organisé par

Le Conservatoire d’espaces naturels de Savoie (CEN Savoie) est une association au service de la biodiversité savoyarde, créé par l’État, le Département, des associations de protection de la nature, des établissements publics (Fédération de Savoie pour la pêche et la protection des milieux aquatiques, Fédération départementales des chasseurs de Savoie, office national des forêts, Chambre d’agriculture, Parc National de la Vanoise) ainsi que l’association des maires, qui font partie de son Conseil d’administration.

Le CEN Savoie a deux objectifs statutaires : sauvegarder et gérer les milieux naturels du département de la Savoie qui présentent une richesse floristique et faunistique reconnue et porter à connaissance de tous publics les éléments constitutifs de ce patrimoine.

L’Association Française des Parcs Zoologiques (AFdPZ) fédère une centaine de parcs zoologiques en métropole et outre-mer.

Chaque année, plus de 20 millions de visiteurs découvrent des espèces menacées élevées dans ces établissements qui s’engagent à respecter les directives du code d’éthique de l’Association.

L’AFdPZ est membre de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), du Conseil d’orientation stratégique de la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité (FRB), de l’Association des Musées et Centres pour le développement de la Culture Scientifique, Technique et Industrielle (AMCSTI) et des Associations européenne et mondiale des parcs zoologiques (EAZA et WAZA).

Le grand témoin

© F. Chenel - L'Agence Nature
Bernard Chevassus-au-Louis
Président d’Humanité et Biodiversité
Grand témoin du colloque Ex-Situ / In-Situ

Ecouter le discours d'introduction

Ecouter le discours de conclusion

« De quel droit » s’autorise-t-on à réintroduire des espèces dans la nature ? Parce que c’est « bien » pour l’espèce ? Pour l’individu relâché ? Pour nous, humains ? Pourquoi choisir telle espèce plutôt que telle autre ? Parce qu’elle était là il y a quelques années, quelques siècles ? Parce qu’elle est ou a été présente dans l’ensemble biogéographique concerné ? En cinq questions provocatrices, Bernard Chevassus-au-Louis cadre le débat…

Les réintroductions présentées

@ F. Chenel – L’Agence Nature

Les programmes de réintroduction par espèces

La cistude d'Europe : du bac au lac, le retour en Savoie

© AFdPZ

C’est par la cistude que tout a commencé… Pilote de sa réintroduction sur les rives du lac du Bourget, le CEN Savoie a souhaité mettre en évidence le travail des parcs zoologiques qui ont fourni les individus relâchés. Après une translocation d’animaux capturés en Brenne en 2000-2002, 150 juvéniles élevés en zoos sont réintroduits entre 2009 et 2018. Sous l’égide de l’Association européenne des zoos et aquariums (EAZA), un programme d’élevage européen (EEP) est mis en place. Il a pour objectifs de multiplier les groupes de reproducteurs, d’accroître la diversité génétique, de rendre plus des jeunes disponibles pour les réintroductions, en fin de développer de meilleures méthodes de gestion en élevage.

Intervention de André Miquet, Conservatoire 
d’espaces naturels de Savoie, Guillaume Romano, Parc animalier Zoodyssée, Roland Simon, 
Réserve zoologique 
de la Haute-Touche et Anthony Dabadie, 
Parc animalier 
de Branféré

Le gypaète barbu : un projet de réintroduction d'ampleur internationale sur le long terme

© JL Barbas

Après une première tentative de réintroduction en Haute-Savoie en 1970, qui s’est conclue par un échec, un projet international de réintroduction du Gypaète barbu dans les Alpes réunit le WWF, l’UICN, et la Société Zoologique de Francfort. En 1978, une première reproduction en parc est réussie au zoo alpin d’Innsbruck. Un réseau international d’élevage est mis en place, et en 1985 est prise la décision de relâcher in situ avant leur envol des jeunes issus d’élevage. Le premier aura lieu en 1986 en Autriche, suivront la France en 1987 (Haute-Savoie), puis la Suisse et l’Italie.

Intervention de Etienne Marlé, Conservatoire 
d’espaces naturels 
de Haute-Savoie – Asters et Jean-Louis Liégeois, 
Grand Parc 
du Puy-du-Fou

L'Erismature à tête blanche : gérer une espèce invasive pour faire place à une réintroduction

© JL Barbas

L’érismature à tête blanche, espèce eurasienne en danger d’extinction, aujourd’hui uniquement présente naturellement en Europe au sud de l’Espagne, est directement menacée par l’Érismature rousse, espèce originaire du continent américain. Cette dernière se montre particulièrement agressive envers les autres oiseaux d’eau qu’elle exclut de leurs territoires d’alimentation, et son hybridation avec l’Érismature à tête blanche est susceptible de conduire à la disparition de celle-ci par « dilution génétique ». Le programme européen Life « Oxyura » a pour objet de gérer la compétition entre ces deux espèces pour restaurer la population d’érismatures à tête blanche.

Intervention de Anthony Dabdie
, Parc animalier 
de Branféré et Adrien Tableau, Office National de la Chasse 
et de la Faune Sauvage

L'Ecrevisse des torrents : restauration de cours d'eau en vue de réintroduction

© AFdPZ

Réintroduire une espèce dans son milieu naturel, c’est bien… encore faut-il que les facteurs qui avaient conduit à sa disparition aient eux-mêmes disparu, et donc que le milieu ait été restauré. Ce qui peut impliquer de recourir à des opérations de génie écologique. Le Fonds de dotation du Parc animalier de Sainte-Croix soutient des opérations de restauration d’espèces in situ. En partenariat avec le CEN Lorraine le Parc a piloté l’effacement d’un étang en vue de la restauration d’un cours d’eau où la dernière population d’écrevisses des torrents avait été découverte en 2016.

Intervention de Tatiana Beauchat, Parc animalier 
de Sainte-Croix

L'Apron du Rhône : restauration de cours d'eau en vue de réintroduction

© JL Barbas

Endémique du bassin rhodanien, l’apron du Rhône, qui n’est présent que sur 350 km de cours d’eau en France, figure en 2019 en tête de la Liste rouge de l’UICN des espèces menacées, où il est classé « en danger critique d’extinction ». Grâce à un programme Life, un Plan national d’action a été mis en place, en vue notamment de sa réintroduction dans la Drôme (la rivière). Pendant trois ans, 30 géniteurs ont été prélevés chaque année dans la Durance, élevés en bassins, et 30 600 alevins ainsi que les reproducteurs ont été relâchés dans la Drôme. Des suivis par prospections nocturnes et analyses ADN ont permis de constater un succès de reproduction naturelle.

Intervention de Mickaël Bejean, Muséum d’histoire naturelle 
de Besançon

Le Vison d'Europe : la mise en œuvre d'un élevage conservatoire

© F. Chenel - L'Agence Nature

Le Vison d’Europe est un des mammifères carnivores les plus menacés d’Europe. Protégé par l’Arrêté du 23 avril 2007 sur l’ensemble du territoire national, il figure parmi les espèces d’intérêt communautaire prioritaires. Depuis 2016, il est classé « en danger critique d’extinction » sur la liste rouge mondiale de l’UICN. Il est également classé « en danger critique d’extinction » sur la liste française depuis 2017. Il s’agit du dernier stade avant de considérer l’espèce comme « éteinte dans la nature ». Trois plans nationaux d’action successifs, aujourd’hui relayés par un programme Life, ont permis de mettre en œuvre une politique de restauration de sa population.

Intervention de Mathilde Picard, 
Responsable de l’élevage, et Laurie Berthomieu
, Responsable de la mission conservation, 
Parc animalier Zoodyssée

Le Bison d'Europe : protocoles vétérinaires et transport d'individus sur de longues distances

© JL Barbas

À la fin des années 1920, les seuls bisons d’Europe encore vivants (54, dont 29 mâles et 25 femelles) ne survivaient plus que dans les zoos. À compter de 1952, les Polonais ont réalisé la première réintroduction du bison d’Europe dans la forêt de Białowieża. La réintroduction a été couronnée de succès, et d’autres réintroductions ont suivi dans l’est de l’Europe. On trouve aujourd’hui des bisons sauvages en Pologne, Roumanie, Ukraine, Biélorussie, Slovaquie, Russie, Lituanie, Allemagne et Suisse. Le zoo de Pescheray, dans la Sarthe, et le parc animalier de Sainte-Croix ont participé à ce qui ressemble à une success-story…

Intervention de Anthony Cirefice, 
Domaine de Pescheray et Jennifer Lahoreau, 
Parc animalier 
de Sainte-Croix

L'Ibis chauve : du diagnostic de terrain à la gestion zootechnique

© AFdPZ

Fin octobre 2017, la Réserve Africaine de Sigean convoyait jusqu’en Andalousie 15 jeunes Ibis chauves pour qu’ils participent à un programme de réintroduction de l’espèce, qui était au bord de l’extinction en milieu naturel. Après un peu plus de 2 mois passés en volière d’acclimatation, les 10, 11 et 12 janvier 2018, 37 Ibis chauves prenaient leur envol et rejoignaient la petite population déjà réintroduite les années précédentes sur la côte andalouse. Comment est-on passé du diagnostic de terrain à la gestion zootechnique de ces ibis ?

Intervention de Pierre Gay
, Bioparc 
de Doué-la-Fontaine et 
Antoine Joris, 
Réserve Africaine 
de Sigean

Présentation indisponible

Le Criquet de Crau : la réintroduction, cadre d'une gestion adaptative d'un territoire

© JL Barbas

Le Criquet de Crau est un gros criquet endémique de la Crau. Il est difficile à détecter, conséquence de sa coloration semblable aux lichens présents sur les galets et de son immobilité face au danger. De plus, il stridule rarement ce qui ne permet pas d’utiliser cette caractéristique pour détecter sa présence comme pour d’autres criquets. La principale menace qui le guette est la destruction ou la dégradation de l’habitat steppique. Une partie de ce dernier a été transformé en vergers industriels, prairies de fauche, zones industrielles et militaires. Sur les 11 000 ha d’habitat relictuel, 7400 ha ont été protégés par la création de la réserve naturelle des coussouls de Crau. Lors des 10 dernières années plusieurs destructions d’habitat ont néanmoins été observées.

Intervention de Laurent Tatin, Conservatoire 
d’espaces naturels PACA
, Réserve naturelle 
des Coussouls de Crau

L'Outarde canepetière : la réintroduction outil de restauration écologique d'un territoire

© AFdPZ

L’outarde canepetière est l’un des oiseaux les plus menacés des plaines cultivées de France. Le Plan national d’action dont elle fait l’objet vise à réduire le risque d’extinction des populations migratrices du domaine atlantique par l’augmentation des effectifs. A terme l’objectif est d’éliminer le risque d’extinction, d’enrayer le déclin et enfin d’amorcer une reconquête des espaces où l’espèce a disparu. Si le déclin de l’espèce n’est pas enrayé dans les toutes prochaines années, il deviendra extrêmement difficile de sauver la population migratrice, malgré les efforts engagés depuis 15 ans pour éviter son extinction.

Intervention de Oriane Chevasson, Parc animalier 
Zoodyssée, Roland Simon, Réserve zoologique 
de la Haute-Touche et Catherine Ménard, 
DREAL 
Nouvelle-Aquitaine

Les vautours fauve et moine : l'accompagnement sociétal d'une réintroduction

© AFdPZ

Si la présence ou la réintroduction sur un territoire d’un grand nombre d’espèces ne suscitent pas de protestations, il n’en va pas de même avec les vautours. Il s’agît là d’oiseaux qui souffrent d’une réputation épouvantable, qui sont des charognards, et qui sont souvent accusés de tous les maux, des accusations fondées sur des bases souvent douteuses. Pourtant, les réintroductions en France des vautours fauves et moines figurent parmi les grands succès des opérations de réintroduction.

Intervention de Pierre Gay, 
Bioparc 
de Doué-la-Fontaine et Sylvain Henriquet, 
LPO
Intervention de Gilles Rayé, 
Chef de la mission biodiversité 
et services écosystémiques, 
Ministère de la Transition 
écologique et solidaire

Le grand Hamster d'Europe : gestion agro-environnementale collective un atout pour le renforcement des populations

© JL Barbas

On l’appelle cochon de seigle, cochon des blés, hamster commun, hamster d’Alsace ou encore marmotte de Strasbourg… Le Hamster d’Europe a presque disparu de France. Hier classé parmi les espèces nuisibles et à ce titre éliminé, ce petit animal a sévèrement été mis à mal par la monoculture du maïs et l’urbanisation, réduisant considérablement ses derniers habitats. Depuis 1993, c’est une espèce protégée en France. Il fait l’objet d’un plan national d’action, qui porte notamment sur des mesures agro-environnementales.

Intervention de Anthony Chuet, 
Centre de réintroduction 
NaturOparC Hunawihr et Julien Eidneschneck, 
Office national de la chasse 
et de la faune sauvage

Tables rondes : le regard des experts

Animation Jean-Jacques Fresko, L’Agence Nature
Avec la participation de Bernard Chevassus-au-Louis, Président d’Humanité et Biodiversité

Sur les aspects scientifiques

Quelles sont les conditions techniques requises pour réussir une réintroduction ? Que préconisent les « principes d’action » de l’Union internationale pour la protection de la nature (UICN) ? Comment l’habitat choisi pour la réintroduction doit-il être sélectionné et préparé ? Quel regard les autorités françaises, en particulier le ministère de l’écologie, porte-t-il sur ces opérations ?

• Florian Kirchner, chargé de programme “espèces” au Comité français de l’UICN,
• Jean-Baptiste Mihoub, maître de conférences 
Sorbonne Université, 
membre du centre d’écologie 
et des sciences de la conservation,
• Gilles Rayé, chef de la mission biodiversité 
et services écosystémiques, 
Ministère de la Transition 
écologique et solidaire.

Sur les aspects de gouvernance

Pourquoi est-il « politiquement » si difficile de ramener certaines espèces dans leur milieu naturel ? Certaines espèces sont-elles mieux accueillies que d’autres ? Comment évaluer l’acceptabilité sociale d’une opération de réintroduction et conduire la concertation avec les acteurs du territoire ? Comment gérer l’implication dans la durée des agriculteurs, des chasseurs, des aménageurs ?

• Florian Kirchner, chargé de programme “espèces” au Comité français de l’UICN,
• Julien Eidenschenck, chef de projet Hamster, chargé de coordination LIFE+ ALISTER, Délégation régionale Grand Est de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage,
• Natalie Tostes de Souza, 
chef de projet LIFE Haute Dronne, 
Parc naturel régional Périgord-Limousin,
• Catherine Ménard, chargée de mission
 à la DREAL Nouvelle-Aquitaine,
• Raymond Faure, fondateur de l’Ecopole du Forez.

Les partenaires du colloque

avec le soutien de

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    Antagene

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    Défi écoloqique

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    Genindexe

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    Siane

en partenariat avec

financé par